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PHILOTHERA :  PHILOTHERAPIE et RELAXATION
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7 avril 2012

ATARAXIE

ATARAXIE. Littéralement : absence de troubles (psychiques ou moraux) Le terme compose avec son double, aponie, (absence de douleur physique), les deux éléments du plaisir épicurien. A ce titre ils sont virtuellement conjoints dans une même expérience de la non-douleur, fondement réel du plaisir dit constitutif, celui qui exprimerait pleinement la nature intrinsèque d’un être vivant. Cela dit les deux éléments peuvent être disjoints. Je peux ne pas éprouver de douleur physique et pourtant souffrir mille morts au niveau mental. Mais il est rare qu’il n’y ait pas une sorte de contamination d’un niveau à l’autre, dans ce registre que nous appelons aujourd’hui le psychosomatique, indiquant par là le caractère global de notre être-au-monde.

 

On remarquera, et c’est bien connu, qu’Epicure, avant Schopenhauer, met l’accent sur l’absence de douleur plus que sur l’intensité du plaisir comme tel. Il est certes des plaisirs intenses, mais souvent ils se paient de douleurs plus intenses encore, et virent à la passion. L’idéal d’isotonie de l’épicurisme est très éloigné des conceptions intensives et passionnelles d’aujourd’hui, aussi l’épicurisme devient-il lentement mais nécessairement une philosophie incompréhensible à nos contemporains, et à ce titre radicalement révolutionnaire !

 

L’ataraxie, que d’ailleurs d’autres écoles comme le stoïcisme et le pyrrhonisme recommandaient aussi, mais avec une moindre élaboration théorique, exprime un idéal de vie dont nous avons perdu et le sens et les conditions. Pourquoi travailler beaucoup si l’on trouve aisément le nécessaire ? Pourquoi s’acharner à amasser des biens que nous volera la mort ? Pourquoi accumuler des savoirs qui ne changent rien à notre condition et qui ne servent qu’à la montre ? Nous nous espérons immortels, et nous créons une sorte de citadelle mythique, aussi encombrante qu’inutile. Mais le Maître l’avait dit voici vingt-quatre siècles : « Face à la mort nous sommes tous une citadelle sans défense ». L’ataraxie est dès lors cette existence pacifiée qui renonce à l’impossible, qui fait du Réel sa limite, épouse la durée de la vie humaine, cette émergence aléatoire entre deux néants.

 

Le vrai contraire de l’ataraxie c’est l’idéal. C’est l’idéal qui nous tue. La sagesse n a rien d’un idéal. Elle est coïncidence. Ou à défaut, réduction maximale de la distance entre le désirable et l’accessible. Je l’appelle le principe du préférable.

 

Je remarque avec amusement que ce beau terme d’ataraxie a retrouvé quelque vigueur- fort suspecte au demeurant – dans la dénomination récente d’un anxiolytique fort répandu. Voilà qui en dit long sur nos actuelles capacités d’apaisement mental !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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